Victimes d'infractions pénales

Victimes d'infractions

Maître Joris Caunes, avocat au Barreau de Paris.

Victimes d’infractions pénales : vos droits et démarches pour obtenir réparation

Le préjudice subi par les victimes d’infractions, qu’il s’agisse de délit ou de crimes (ex : agression, homicide involontaire, viol ou agression sexuelle, vol, escroquerie…) entraine souvent de lourdes conséquences.

Qu’une atteinte corporelle ait résulté de l’infraction ou que le préjudice soit matériel ou moral, le droit prévoit la possibilité d’obtenir réparation et d’être indemnisé.

Schématiquement, les principales voies pour faire valoir vos droits sont l’action civile, la SARVI (Service d’Aide au Recouvrement des Victimes d’Infractions) et la CIVI (Commission d’Indemnisation des Victimes d’Infractions).

L’action civile : obtenir réparation dans le cadre du procès pénal

L’action civile permet à une victime d’infraction pénale de demander réparation pour le préjudice qu’elle a subi directement dans le cadre de la procédure pénale quelque soit la nature de celui-ci.

Comment engager une action civile ?

1. Constitution de partie civile :

- La victime peut se constituer partie civile devant le tribunal compétent, généralement lors du procès de l’auteur de l’infraction.
- Cette démarche permet de demander une indemnisation pour le préjudice moral, corporel ou matériel.

2. Demande auprès du tribunal :

La victime doit chiffrer ses préjudices dont le détail doit être étayé par des pièces justificatives (factures, certificats médicaux, attestations…).
- Si l’auteur est reconnu coupable, l’action civile déclarée recevable et l’existence d’un préjudice reconnu, le tribunal condamnera l’auteur de l’infraction à indemniser la victime.

Limites

- Lorsque l’auteur est insolvable ou introuvable, la victime aura parfois la plus grande difficulté à percevoir effectivement l’indemnisation accordée par le tribunal.

A certaines conditions, une indemnisation intégrale ou partielle peut être assurée par la solidarité nationale via les mécanismes du SARVI ou de la CIVI.

La CIVI : un recours autonome pour indemniser les victimes d’infractions ayant occasionné une atteinte corporelle d’une certaine gravité.

La Commission d’Indemnisation des Victimes d’Infractions (CIVI) permet aux victimes d’obtenir une indemnisation même si la procédure pénale n’est pas terminée ou même initiée. Ce mécanisme est globalement indépendant de la procédure pénale.

Conditions pour saisir la CIVI

La CIVI est compétente lorsque les faits à l’origine de l’atteinte d’un dommage corporel ont le caractère matériel d’une infraction pénale.

1. Critère de gravité ou de qualification des faits

Faits ayant entrainé un dommage corporel

Pour que la CIVI intervienne il est requis que :
- Soit les faits ont entraîné un dommage corporel d’une certaine gravité (incapacité de travail d’au moins un mois, incapacité permanente)
- Soit il s’agit de faits dont la qualification pénale est visée dans la loi, dans ces cas il n’y a pas de condition de gravité de l’atteinte corporelle
- Soit s’inscrivent dans le cadre de violences intrafamiliales depuis la loi de programmation du 20 novembre 2023. Dans ce dernier cas, la réparation est plafonnée.

Faits n’ayant pas entrainé de dommage corporel

- A certaines conditions, des infractions sans atteinte corporelle (vol, escroquerie, abus de confiance, dégradation de bien, chantage abus de faiblesse, violation de domicile…) peuvent être indemnisées par la CIVI sous conditions de ressources et si les faits ont eu pour conséquence de les placer dans une situation matérielle ou psychologique grave. L’indemnisation sera alors plafonnée à 4.767 €.
- Le propriétaire d’un véhicule ayant subi une destruction par incendie peut également obtenir une indemnité plafonnée sous conditions

2. Délai :

- La demande doit être introduite dans un délai de 3 ans suivant l’infraction ou dans l’année suivant une décision judiciaire ayant statué sur l’infraction.

Fonctionnement de la CIVI

1. Dépôt de la demande :
- La victime adresse un requête à la CIVI, accompagnée des preuves du préjudice et des documents médicaux ou judiciaires.
- Une expertise médicale gratuite peut être ordonnée par la CIVI.

2. Examen par le Fonds de Garantie :
- Le Fonds de Garantie des Victimes des actes deTerrorisme et d’autres Infractions (FGTI) formule une offre d’indemnisation en lien avec les demandes et les éléments du dossier.
- Si cette offre est acceptée, l’accord est homologué par le président de la CIVI.
- Si l’offre présentée est insatisfaisante, la CIVI tranche le litige sur l’indemnisation.

Avantages

- Indépendance : Pas besoin d’attendre la fin du procès pénal pour engager une demande d’indemnisation.
- Indemnisation intégrale : Si la demande est acceptée, la victime est indemnisée de l’ensemble des préjudices, selon la nomenclature Dintilhac sauf exception (voir supra).

Limites

- Des critères stricts de recevabilité.
- Une procédure parfois longue.

Le SARVI : une aide pour les victimes confrontées à l’insolvabilité de l’auteur

Le Service d’Aide au Recouvrement des Victimes d’Infractions (SARVI) a été créé pour aider les victimes qui ont obtenu une décision de justice en leur faveur mais qui n’ont pas reçu le paiement de l’indemnisation accordée.

Conditions pour bénéficier de la SARVI

- Une décision de justice doit avoir été rendue en faveur de la victime, condamnant l’auteur à indemniser.
- Le montant dû doit être supérieur à 30 €.

Fonctionnement du SARVI

1. Versement immédiat d’une avance :
- Le SARVI verse rapidement une partie des sommes dues (de 30 % à 100 % selon le montant de l’indemnisation).
2. Recouvrement auprès de l’auteur :
- Le SARVI se charge ensuite de récupérer les sommes directement auprès de l’auteur de l’infraction, évitant ainsi à la victime des démarches complexes.

Avantages

- Rapidité : Une indemnisation partielle est versée sans attendre que l’auteur rembourse.
- Simplicité : Le SARVI s’occupe du recouvrement.

Limites

- La victime ne perçoit pas toujours la totalité des sommes dues, notamment si l’auteur reste insolvable.

Démarches à suivre pour obtenir réparation

1. Identifier la voie adaptée à votre situation

- Si l’auteur est poursuivi, constituez-vous partie civile et demandez une indemnisation devant le tribunal.
- Si l’auteur est insolvable, ou pour une indemnisation rapide : Saisissez le SARVI.       - En tout état de cause, si vous remplissez les critères pour former une demande devant la CIVI, il est possible de la saisir.

2. Rassemblez vos preuves

- Dossier médical : En cas de préjudice corporel.
- Pièces financières : Factures, devis de réparation, justificatifs de pertes de revenus.
- Décision judiciaire : Si un jugement a été rendu ou documents justifiant de l’infraction.

3. Faites-vous accompagner

Les démarches d’indemnisation peuvent être complexes. Faire appel à un professionnel du droit vous aidera à maximiser vos chances de succès.

Conclusion : vos droits à une indemnisation juste

Qu’il s’agisse d’une action civile, du SARVI ou de la CIVI, les victimes d’infractions pénales disposent de plusieurs mécanismes pour obtenir réparation. Ces dispositifs, adaptés à différentes situations, permettent de pallier les difficultés liées à l’insolvabilité ou à l’absence de l’auteur de l’infraction, tout en assurant une indemnisation même dans les cas les plus graves.

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